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causes d’erreurs.

ponsabilité de cette assertion hardie. Et puis, tout cela est bel et bon en théorie. Mais en fait, que se passe-t-il ? Bien qu’il soit de principe qu’on ne doit pas lire les documents, est-ce que les graphologues, habituellement, ne les lisent pas ?

J’ai posé la question, par écrit, à tous mes experts. Je leur ai demandé : « Le contenu des lettres vous impressionne-t-il malgré vous, et guide-t-il malgré vous votre diagnostic ? Ou bien êtes-vous convaincu que vous en faites abstraction ?»

J’ai reçu en retour des réponses si variées, qu’on ne peut en dégager d’autre conclusion que leur variété même. En voici quelques-unes :

M. Vie m’écrit : « La lecture du texte tend à m’impressionner ; je lutte, il est vrai, contre cette impression, mais n’ai point la certitude qu’il n’en subsiste pas quelque vestige dans le diagnostic final. De là, tantôt un adjuvant, tantôt une cause d’erreur ; aussi aimé-je mieux être placé dans des conditions plus impartiales. »

M. Humbert émet un avis différent, un peu sec et tranchant : « J’ai l’habitude de ne pas lire les documents que j’analyse. »

M. Crépieux a la réponse plus abondante et plus nuancée. Dans une première lettre, datée de janvier 1901 — on voit combien de temps cette recherche a duré ! — il m’écrit : « Il est évident que dans quelques cas l’orthographe, le style, sans compter le papier, fournissent des indices de nature à favoriser le graphologue. Mais c’est assez précaire, je vous assure, et même trompeur. Aussi ne considérai-je ces éléments d’appréciation qu’au dernier plan, à titre de contrôle, même dans les cas rares où j’y suis bien attentif. La preuve, c’est que dans mes études sur les écritures latines étrangères, où le style et l’orthographe m’échappent, je ne me sens pas du tout gêné dans mes appréciations. Elles sont aussi détaillées et aussi courantes. » Ce dernier exemple est ingénieux, mais je ne puis l’accepter comme preuve, ne l’ayant pas contrôlé. Trois ans après, M. Crépieux-Jamin m’écrit, répondant à une question précise : « Je ne lis presque jamais le contenu des lettres qui me sont soumises. J’ai fait l’expérience qu’en se laissant guider par le contenu des documents analysés, on perd plus qu’on ne gagne. Les renseignements fournis par