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peut-on mesurer l’intelligence ?

quelle discrétion je dois mettre à les dérober à l’attention ; plusieurs sont actuellement vivants, plusieurs me liront ; je veux qu’ils ignorent toujours le désobligeant usage que j’ai fait de leur écriture.

Cette seconde série m’a donné un mal énorme à composer ; car j’ai éprouvé une infinité de scrupules à propos de chaque nom. Je me demandais sans cesse si la personne que j’introduisais dans cette série était complètement dénuée d’originalité. J’ai rejeté les jeunes gens, leur intelligence est encore virtuelle et leur avenir incertain ; j’ai préféré des adultes épanouis, je les ai voulus riches, ou du moins assez fortunés, et assez heureux pour qu’ils n’aient pas le droit de reprocher à la société, qu’elle ne leur a pas permis de donner leur mesure. Dans ma liste, il n’y a pas un « raté »[1].

Il résulte de tout ceci que la différence d’intelligence qui existe entre les personnages à comparer, je l’ai voulue incontestable, je l’ai choisie énorme, et je demande à ce qu’on l’apprécie sommairement, sans entrer dans la considération des nuances qualitatives ; c’est la différence entre le niveau moyen et le talent, parfois le génie. Si la graphologie se tire avec avantage de l’épreuve à laquelle on la soumet, elle aura démontré ainsi qu’elle est capable de percevoir les grands contrastes ; il restera à chercher plus tard si elle perçoit des nuances fines.

Maintenant, le problème ainsi posé était-il facile ou difficile ? Bien que ces épithètes aient un sens aussi relatif que celles de grand et de petit, je crois juste de signaler quelques-unes des difficultés de l’examen, qui m’avaient échappé, et sur lesquelles M. Crépieux-Jamin a attiré mon attention. En écartant les gens dont l’inhabilité se trahit dans la forme des traits, dans le dispositif général des lignes et des mots, j’ai fait tort aux graphologues, car ce sont bien là des faits graphologiques ; j’ai en somme éliminé comme trop faciles les

  1. M. Crépieux-Jamin me fait remarquer spirituellement : « C’est, hélas ! le contraire qui arrive. Les riches ne donnent que rarement leur mesure. La nécessité est la mère de l’effort, et c’est l’activité qui soutient l’activité. Plus on a à faire, plus on fait. Le riche n’a rien à faire que des œuvres oiseuses et il en est très occupé ! » M. Crépieux-Jamin a raison et je crois que je n’ai pas tort. Il y a de pauvres gens qui ont fait des efforts magnifiques, et il y a aussi des riches qui ont produit de belles œuvres. Dans ma liste de moyens, je n’en trouve qu’un seul qu’une grande fortune a dispensé de travail ; mais je l’ai connu enfant, écolier, puis avocat ; je garantis que celui-là, même pauvre, n’aurait jamais eu d’originalité ni de talent.