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CONTES ARABES.

nai tout ce qu’elles desiroient, et elles remportèrent comme la première fois. Le soir je fermai ma boutique, et je m’en retournai tout joyeux à la maison. Ma mère voyant mon air gai et satisfait, me dit : « Je parie que ces dames sont venues, et t’ont payé ce quelles te devoient ? » « Cela est vrai, lui dis-je. » « Je te l’avois bien dit, reprit ma mère. Voilà le commerce : on vend à crédit, on attend un peu, et l’on est ensuite payé. »

« Je continuai de vendre aux mêmes dames des marchandises de toute espèce, jusqu’à ce quelles me durent environ dix bourses[1]. Étant alors assis dans ma boutique, je vis entrer une vieille femme. « Bonjour, lui dis-je : que voulez-vous m’acheter ? Une mante, un mouchoir ? Voyez : voulez-vous des voiles d’Estamboul[2], ou des toques de bro-

  1. La bourse vaut environ quinze cents francs.
  2. Constantinople.