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CONTES ARABES.

« Mon prince, voilà mon frère qui vient ; le voyez-vous ? »

Le prince regarda, et il aperçut Schaïbar, qui n’étoit pas plus haut que d’un pied et demi, et qui venoit gravement avec la barre de fer de cinq cents livres pesant sur l’épaule, et la barbe bien fournie, longue de trente pieds, qui se soutenoit en avant, la moustache épaisse à proportion, retroussée jusqu’aux oreilles, et qui lui couvroit presque le visage ; ses yeux de cochon étoient enfoncés dans la tête qu’il avoit d’une grosseur énorme, et couverte d’un bonnet en pointe ; avec cela enfin, il étoit bossu par devant et par derrière.

Si le prince n’eût été prévenu que Schaïbar étoit frère de Pari-Banou, il n’eût pu le voir sans un grand effroi ; mais rassuré par cette connoissance, il l’attendit de pied ferme avec la fée ; et il le reçut sans aucune marque de foiblesse.

Schaïbar, qui, à mesure qu’il avançoit, avoit regardé le prince Ah-