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CONTES ARABES.

et à peine j’ai conçu ce dessein flatteur, que me voilà déchu de toutes mes espérances. Je ne réponds pas de soutenir long-temps un si grand malheur. Mais quoi qu’il en puisse être, j’aurai la consolation de mourir tout à vous. Achevez, madame, je vous en conjure, achevez de me donner un entier éclaircissement sur ma triste destinée. »

Il ne put prononcer ces paroles sans répandre quelques larmes. La dame en fut touchée. Bien loin de se plaindre de la déclaration qu’elle venoit d’entendre, elle en sentit une joie secrète : car son cœur commençoit à se laisser surprendre. Elle dissimula toutefois ; et comme si elle n’eût pas fait d’attention au discours de Ganem : « Je me serois bien gardée, lui répondit-elle, de vous montrer mon voile, si j’eusse cru qu’il dût vous causer tant de déplaisir ; et je ne vois pas que les choses que j’ai à vous dire, doivent rendre votre sort aussi déplorable que vous vous l’imaginez. Vous saurez donc, poursuivit--