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LES MILLE ET UNE NUITS,

reine le désir qu’il avoit de l’aller voir, et la supplia de vouloir bien le lui permettre. « Hé quoi, mon cher Beder, reprit la reine, vous ennuyez-vous déjà, je ne dis pas de demeurer dans un palais si superbe, et où vous devez trouver tant d’agrémens, mais de la compagnie d’une reine qui vous aime si passionnément, et qui vous en donne tant de marques ? »

« Grande reine, reprit le roi Beder, comment pourrois-je m’ennuyer de tant de grâces et de tant de faveurs dont votre Majesté a la bonté de me combler ? Bien loin de cela, madame, je demande cette permission plutôt pour rendre compte à mon oncle des obligations infinies que j’ai à votre Majesté, que pour lui faire connoître que je ne l’oublie pas. Je ne désavoue pas néanmoins que c’est en partie pour cette raison : comme je sais qu’il m’aime avec tendresse, et qu’il y a quarante jours qu’il ne m’a vu, je ne veux pas lui donner lieu de penser que je ne réponds pas à ses sentimens pour moi, en demeu-