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LES MILLE ET UNE NUITS,

la montrer au visir Saouy, ennemi irréconciliable de Noureddin.

Saouy qui avoit reconnu Noureddin, et qui cherchoit en lui-même avec grande inquiétude à quel dessein il étoit venu, ne fut pas moins surpris que le roi, de l’ordre que la lettre contenoit. Comme il n’y étoit pas moins intéressé, il imagina en un moment le moyen d’éluder. Il fit semblant de ne l’avoir pas bien lue ; et pour la lire une seconde fois, il se tourna un peu de côté, comme pour chercher un meilleur jour. Alors, sans que personne s’en aperçût et sans qu’il y parût, à moins de regarder de bien près, il arracha adroitement la formule du haut de la lettre, qui marquait que le calife vouloit être obéi absolument, la porta à la bouche et l’avala.

Après une si grande méchanceté, Saouy se tourna du côté du roi, lui rendit la lettre ; et en parlant bas : « Hé bien, Sire, lui demanda-t-il, quelle est l’intention de votre Majesté ? » « De faire ce que le calife