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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Quoi, s’écria-t-elle, est-ce vous que le roi mon père m’avoit destiné pour époux ? Je suis bien malheureuse de ne l’avoir pas su : je ne l’aurois pas mis en colère contre moi, et je n’aurois pas été si long-temps privée d’un mari que je ne puis m’empêcher d’aimer de tout mon cœur. Éveillez-vous, éveillez-vous : il ne sied pas à un mari de tant dormir la première nuit de ses noces. »

En disant ces paroles, la princesse prit le prince Camaralzaman par le bras, et l’agita si fort qu’il se fût éveillé, si dans le moment Maimoune n’eût augmenté son sommeil, en augmentant son enchantement. Elle l’agita de même à plusieurs reprises ; et comme elle vit qu’il ne s’éveilloit pas : « Eh quoi, reprit-elle, que vous est-il arrivé ? Quelque rival jaloux de votre bonheur et du mien, auroit-il eu recours à la magie, et vous auroit-il jeté dans cet assoupissement insurmontable, lorsque vous devez être plus éveillé que jamais ? » Elle lui prit la main, en la baisant tendrement,