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LES MILLE ET UNE NUITS,

la fin du couplet. « Seroit-il possible, s’écria-t-il, que vous eussiez le don de pénétrer dans les cœurs, et que la connoissance que vous avez de ce qui se passe dans le mien, vous eût obligée à nous donner un essai de votre voix charmante par ces mots ? Je ne m’exprimerois pas moi-même en d’autres termes. » La femme ne répondit rien à ce discours. Elle continua et chanta plusieurs autres couplets dont le prince fut si touché, qu’il en répéta quelques-uns les larmes aux yeux ; ce qui faisoit assez connoître qu’il s’en appliquoit le sens. Quand elle eut achevé tous les couplets, elle et ses compagnes se levèrent et chantèrent toutes ensemble, en marquant par leurs paroles, que « la Pleine Lune alloit se lever avec tout son éclat, et qu’on la verroit bientôt s’approcher du Soleil. » Cela signifioit que Schemselnihar alloit paroître, et que le prince de Perse auroit bientôt le plaisir de la voir.

En effet, en regardant du côté de la cour, Ebn Thaher et le prince de