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LES MILLE ET UNE NUITS,

rai assis à la place d’honneur, où j’affecterai un air grave, sans tourner la tête à droite ou à gauche. Je parlerai peu ; et pendant que ma femme, belle comme la pleine lune, demeurera debout devant moi avec tous ses atours, je ne ferai pas semblant de la voir. Ses femmes, qui seront autour d’elle y me diront : « Notre cher Seigneur et maître, voilà votre épouse, votre humble servante devant vous : elle attend que vous la caressiez, et elle est bien mortifiée de ce que vous ne daignez pas seulement la regarder ; elle est fatiguée d’être si long-temps debout ; dites-lui au moins de s’asseoir. » Je ne répondrai rien à ce discours, ce qui augmentera leur surprise et leur douleur. Elles se jetteront à mes pieds, et après qu’elles y auront demeuré un temps considérable à me supplier de me laisser fléchir, je lèverai enfin la tête et jetterai sur elle un regard distrait ; puis je me remettrai dans la même attitude. Dans la pensée qu’elles auront que ma femme ne