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LES MILLE ET UNE NUITS,

tiré. « Au nom de Dieu, lui dis-je, faites-moi la grâce d’empêcher que ce furieux n’entre ici après moi. » Il me le promit et me tint parole ; mais ce ne fut pas sans peine, car l’obstiné barbier vouloit entrer malgré lui, et ne se retira qu’après lui avoir dit mille injures ; et jusqu’à ce qu’il fût rentré dans sa maison, il ne cessa d’exagérer à tous ceux qu’il rencontroit, le grand service qu’il prétendoit m’avoir rendu.

» Voilà comme je me délivrai d’un homme si fatigant. Après cela, le concierge me pria de lui apprendre mon aventure. Je la lui racontai. Ensuite je le priai à mon tour de me prêter un appartement jusqu’à ce que je fusse guéri. « Seigneur, me dit-il, ne seriez-vous pas plus commodément chez vous ? » « Je ne veux point y retourner, lui répondis-je : ce détestable barbier ne manqueroit pas de m’y venir trouver ; j’en serois tous les jours obsédé, et je mourrois à la fin de chagrin de l’avoir incessamment devant les yeux. D’ailleurs,