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LES MILLE ET UNE NUITS,

tées. Nous avons fait collation ensemble, et en la quittant, j’en ai pris et emporté une que voici. « 

» Ce discours me mit hors de moi-même. Je me levai de ma place ; et après avoir fermé ma boutique, je courus chez moi avec empressement, et montai à la chambre de ma femme. Je regardai d’abord où étoient les pommes, et n’en voyant que deux, je demandai où étoit la troisième. Alors ma femme ayant tourné la tête du côté des pommes, et n’en ayant aperçu que deux, me répondit froidement : « Mon cousin, je ne sais ce qu’elle est devenue. » À cette réponse, je ne fis pas difficulté de croire que ce que m’avoit dit l’esclave, ne fût véritable. En même temps je me laissai emporter à une fureur jalouse ; et tirant un couteau qui étoit attaché à ma ceinture, je le plongeai dans la gorge de cette misérable. Ensuite je lui coupai la tête et mis son corps par quartiers ; j’en fis un paquet que je cachai dans un panier pliant ; et après avoir cousu l’ouverture du pa-