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CONTES ARABES.

dit le visir ? Peut-on refuser quelque chose à de si belles dames ! » « C’est, reprit Zobéïde, de n’avoir que des yeux et point de langue, de ne nous pas faire de questions sur quoi que vous puissiez voir, pour en apprendre la cause, et de ne point parler de ce qui ne vous regarde pas, de crainte que vous n’entendiez ce qui ne vous seroit point agréable. » « Vous serez obéie, madame, reprit le visir. Nous ne sommes ni censeurs, ni curieux indiscrets ; c’est bien assez que nous ayons attention à ce qui nous regarde, sans nous mêler de ce qui ne nous regarde pas. » À ces mots, chacun s’assit, la conversation se lia, et l’on recommença à boire en faveur des nouveaux venus.

Pendant que le visir Giafar entretenoit les dames, le calife ne pouvoit cesser d’admirer leur beauté extraordinaire, leur bonne grâce, leur humeur enjouée, et leur esprit. D’un autre côté, rien ne lui paroissoit plus surprenant que les Calenders, tous trois borgnes de l’œil droit. Il se se-