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coup de visiteurs étrangers qui apportent des présents.

En un endroit de la salle, il y a un grand vase d’or qui contient autant de vin qu’un tonnelet. À côté de ce grand vase, il y en a de plus petits pleins de breuvages épicés et de haut goût. On puise le vin dans des coupes d’or sans anse, si grandes qu’elles pourraient suffire à dix personnes. On place une de ces coupes entre deux convives ; on met à côté deux petits hanaps d’or : chaque convive remplit son hanap avec la coupe.

Coupes et hanaps forment un trésor considérable : le Khan en possède un très grand nombre. Il a aussi d’autre vaisselle d’or et d’argent en si grande quantité qu’on ne pourrait le croire à moins de l’avoir vu.

Ce sont des barons qui présentent à boire et à manger au grand Khan. Ils ont le nez et la bouche couverts de serviettes d’or et de soie pour éviter que leur haleine ne souille les mets. Quand le Khan s’apprête à boire, tous les instruments se mettent à sonner. Pendant qu’il tient en main sa coupe, tous les assistants s’agenouillent et se prosternent. Alors le grand seigneur boit : chaque fois qu’il boit, le même cérémonial se renouvelle.

Je ne vous dirai rien des viandes, car on pense bien qu’elles sont en abondance. Quand tous ont mangé et que les tables sont ôtées, un grand nombre de jongleurs et de bateleurs entrent dans la salle. Sous les yeux du Khan et de tous les convives, ils exécutent des tours variés avec tant d’habileté que chacun rit et se divertit.