Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 58 —

CHAPITRE XVII




De la nécessité de la logique.

Puisque c’est la Raison qui est la régulatrice de tout le reste, et qui en tire parti, et puisqu’elle ne pouvait être elle-même sans régulateur, quel a été ce régulateur ? Il est évident que ce doit être elle-même ou un autre. Or, cet autre est une Raison à son tour, ou quelque chose-de meilleur que la Raison ; ce qui est impossible. Mais si c’est une raison, quel sera à son tour son régulateur ? Car si elle est son régulateur à elle-même, la première pouvait l’être aussi ; et, si elle ne l’est pas, cela est sans fin et sans terme.

— Soit ; mais il est plus pressant de guérir (ses passions) et tout le reste. — Veux-tu donc m’écouter sur ce sujet-là ? Écoute-moi. Mais ne va pas me dire : « Je ne sais pas si tu raisonnes bien ou mal ; » et, au cas où je prononcerais une parole ambiguë, ne me dis pas non plus : « Précise ; » car je ne te supporterai pas, et je te dirai : « Mais il est plus pressant de…, etc. » C’est en effet, je crois, pour cette raison que l’on place la Logique en tête, comme nous voulons qu’on apprenne à connaître les mesures avant de se mettre à mesurer le blé. Car, si nous ne commençons pas par savoir ce que c’est qu’un boisseau et par savoir ce que c’est