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CHAPITRE XIV




Dieu voit tout

On lui demandait comment on pourrait prouver à quelqu’un que toutes ses actions tombaient sous l’œil de Dieu. — Ne crois-tu pas, dit-il, à l’Unité du monde ? — J’y crois. — Mais quoi ! ne crois-tu pas à l’harmonie du ciel et de la terre ? — J’y crois. — Comment, en effet, les plantes fleurissent-elles si singulièrement, comme sur un ordre de Dieu, quand il leur a dit de fleurir ? Comment germent-elles, quand il leur dit de germer ? Comment produisent-elles des fruits, quand il leur a dit d’en produire ? Comment mûrissent-elles, quand il leur a dit de mûrir ? Comment laissent-elles tomber leurs fruits, quand il leur a dit de les laisser tomber ? Comment perdent-elles leurs feuilles, quand il leur a dit de les perdre ? Et, quand il leur a dit de se replier sur elles-mêmes pour rester tranquillement à se reposer, comment restent-elles à se reposer ? Puis, lorsque la lune croît ou décroît, lorsque le soleil arrive ou se retire, pourquoi voit-on sur la terre tant de changements, tant d’échanges des contraires ? Et les plantes et nos corps se reliraient ainsi avec le grand tout, et seraient en harmonie avec lui, sans que cela fût plus vrai encore de nos âmes ! Et nos âmes se relieraient et se rattache-