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CHAPITRE X




Contre ceux qui à Rome cherchent les honneurs.

Si nous mettions à l’accomplissement de notre devoir l’ardeur que mettent les vieillards de Rome à ce qu’ils ambitionnent, nous arriverions vite à quelque résultat nous aussi. Je connais un homme plus âgé que moi, qui est actuellement préfet de l’annone, à Rome. Quand il passa par ici, en revenant de l’exil, que ne me dit-il pas ! Il blâmait fort sa vie passée ; et il promettait pour l’avenir, qu’une fois rentré à Rome, il ne s’occuperait jamais d’autre chose que de couler le reste de ses jours dans la tranquillité et dans le calme. Qu’ai-je en effet à vivre encore (disait-il) ? Et moi je lui répondais : Vous n’en ferez rien. A peine aurez-vous seulement senti Rome, que vous oublierez toutes ces résolutions, et si l’entrée de la cour vous est ouverte, vous vous y précipiterez tout joyeux, en rendant grâce aux dieux. — Epictète, me répliquait-il, si tu me vois mettre le pied à la cour, pense de moi ce que tu voudras. Et maintenant qu’a-t-il fait ? Avant d’arriver à la ville, il reçut en chemin des lettres de César. Dès qu’il les eut, il oublia toutes ses paroles, et depuis il a accumulé emplois sur emplois. Je voudrais maintenant le rencontrer pour lui rappeler les propos qu’il tenait