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on est forcé de convenir de la nécessité d’étudier ces lieux spéciaux de logique, autour desquels tournent les interrogations et les réponses. Que nous demande-t-on, en effet, dans le raisonnement ? D’établir la vérité, de détruire l’erreur, de nous arrêter devant l’incertain ? Suffit-il de savoir que c’est-là ce qu’on nous demande ? — « Oui, » dit-on. — Mais est-ce qu’il suffit à celui qui veut ne pas se tromper dans l’usage de la monnaie, d’avoir entendu dire qu’il faut accepter les drachmes de bon aloi et refuser celles qui ne le sont pas ? — Non. — Que faut-il donc qu’il y ajoute ? Quelle autre chose que la science de juger et de distinguer les drachmes qui sont de bon aloi et celles qui ne le sont pas ? Pour le raisonnement à son tour suffirait-il donc de savoir ce qui a été dit plus haut, et ne faut-il pas en plus devenir capable de distinguer le vrai, le faux, l’incertain ? — Il le faut. — Que nous prescrit-on en outre dans le raisonnement ? d’accepter les conséquences de ce que nous avons accordé légitimement. Eh bien ! ici encore nous suffit-il de connaître cette prescription ? non ; il nous faut savoir encore comment se déduisent les conséquences, et comment une chose est tantôt la conséquence d’une seule, tantôt celle de plusieurs à la fois. Vois donc s’il n’y faut pas ajouter pour celui qui veut être expert en fait de raisonnements, qu’il doit être capable de démontrer lui-même ce qu’il avance, de reconnaître chez les autres une démonstration exacte, et de ne pas se laisser tromper par un sophisme, comme par une bonne démonstration ? C’est de là que nous est venue l’étude théorique et pratique des raisonnements concluants