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mains; lave-le, essuie-le; fais que personne ne s’en détourne, que personne ne s’en recule. Qu’est-ce qui ne se recule pas d’un homme sale, d’un homme qui sent, d’un homme qui pue, encore plus que d’un individu couvert d’ordures? La puanteur dans ce dernier cas nous vient du dehors; mais celle qui naît de notre incurie vient de nous: elle ressemble à celle d’une charogne.

— Mais Socrate se lavait rarement! — Oui, mais son corps reluisait; mais ce corps était si agréable et si attrayant, que les plus jeunes et les plus nobles s’en éprenaient, et auraient mieux aimé coucher avec lui qu’avec les plus beaux garçons. Il aurait eu le droit de ne pas se baigner, de ne pas se laver, s’il avait voulu; et, si peu qu’il le fît, le résultat y était. Si tu ne veux pas qu’il se baignât à l’eau chaude, il se baignait du moins dans l’eau froide. — Mais, il y a contre lui le mot d’Aristophane:

« Je parle de ces gens pâles et sans chaussures. »

— Mais Aristophane a dit aussi que Socrate marchait dans l’air, et volait les habits dans les gymnases! Et tous ceux qui ont écrit sur Socrate en rapportent tout le contraire, qu’il n’était pas seulement séduisant à entendre, mais encore à voir. On a écrit la même chose sur Diogène aussi. C’est qu’en effet il ne faut pas éloigner le vulgaire de la philosophie par l’aspect de notre corps, mais nous montrer à ses yeux dispos et heureux dans notre corps comme dans le reste. « Voyez, ô mortels, que je n’ai rien et que je n’ai besoin de rien! Voyez comment sans maison, sans patrie, exilé,