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ble à son être de se trouver jamais complètement pur, avec les matériaux dont il est composé; mais la raison, qui lui a été donnée, essaye du moins de le rendre pur dans la mesure du possible. La première pureté, la plus noble, est celle de l’âme; et réciproquement pour l’impureté. On ne découvre pas les impuretés de l’âme aussi aisément que celles du corps; mais que peuvent être ces impuretés de l’âme, si ce n’est ce qui l’encrasse et la gêne dans ses fonctions? Or, les fonctions de l’âme sont de vouloir, de repousser, de désirer, de fuir, de se préparer, d’entreprendre, de donner son adhésion. Qu’est-ce donc qui nuit chez elle à ces fonctions, en la salissant et la rendant impure ? Rien autre chose que ses méchants jugements. L’impureté de l’âme, ce sont donc ses opinions défectueuses; et le moyen de la purifier, c’est de lui faire des opinions telles qu’elle en doit avoir. L’âme pure est celle qui a les opinions qu’elle doit avoir; car c’est la seule dont les fonctions ne soient troublées par aucune saleté.

Il y a quelque chose de pareil à faire pour le corps à son tour, autant qu’il s’y prête. Il était impossible que les narines ne coulassent pas, l’homme étant composé comme il l’est. C’est pour cela que la nature lui a fait des mains et les narines elles-mêmes, espèces de canaux pour mettre dehors les humeurs. Si donc quelqu’un ravale ces humeurs, je dis qu’il n’agit pas comme doit le faire un homme. Il était impossible que les pieds ne fussent jamais boueux, jamais sales d’aucune façon, avec les choses sur lesquelles nous marchons. C’est pour cela que la nature nous a donné de l’eau; c’est pour cela