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veillance? Et pourquoi aller raconter aux autres comment il m’aura parlé? Est-il donc Socrate, est-il donc Diogène, pour que sa louange soit une preuve de ce que je vaux? Est-ce que je prends ses mœurs pour modèle? Non; seulement, pour continuer à jouer, je vais chez lui, et je lui obéis, tant qu’il ne me commande ni sottise ni mauvaise action. Mais s’il me dit: « Va chez Léon de Salamine. » Je lui réponds: « Cherches-en un autre, car, moi, je ne suis plus du jeu. » « Qu’on l’emmène, » dit-il. Je suis, car c’est du jeu. — Mais il prendra ta tête! — Eh bienl Est-ce qu’il gardera toujours la sienne? Et vous qui lui obéissez, garderez-vous toujours la vôtre? — On te jettera là sans sépulture. — J’y serai jeté, en effet, si mon cadavre est moi; mais si je suis autre chose que mon cadavre; parle d’une façon plus juste; dis ce qui est réellement et ne cherche pas à me faire peur. Ce sont là des épouvantails d’enfants et d’imbéciles! Il est bien digne de prendre peur et de flatter les gens qu’il flatte ensuite, l’homme qui, entré une fois dans l’école d’un philosophe, ne sait pas ce qu’il est, et n’a pas appris qu’il n’est ni sa chair, ni ses fibres, ni ses os, mais qu’il est ce qui en a l’usage, ce qui apprécie les idées et en règle l’emploi.

— Oui; mais de pareilles doctrines nous font mépriser les lois! — Et quelle est la doctrine qui donne à ceux qui la suivent plus de soumission aux lois? Mais le caprice d’un imbécile n’est pas une loi. Et cependant vois comme, à l’égard de ces gens eux-mêmes, cette doctrine nous dispose de la façon qu’il faut, elle qui nous apprend à ne leur disputer aucune des choses pour lesquelles ils peuvent être