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toute la nuit, je ne le dirais pas encore, tant que je ne connaîtrais pas son but. Tu ne dis pas qu’il aime le travail celui qui veille pour une femme; et moi non plus je ne le dis pas. Si quelqu’un veille pour la gloire, je dis qu’il aime la gloire; si quel qu’un veille pour l’argent, je dis qu’il aime l’argent, et non point le travail; s’il veille par amour pour les lettres, je dis qu’il aime les lettres. Mais ayez pour but de tous vos travaux votre propre partie maîtresse, afin de la faire vivre et se conduire conformément à la nature, alors seulement je dirai que vous aimez le travail. Ne vantez et ne critiquez personne pour ce qui nous est commun avec tout le monde; ne le faites que pour ses opinions et ses intentions. Car elles seules nous appartiennent en propre; elles seules font que nos actions sont honorables ou honteuses. Songe à cela, et jouis du présent, sans demander autre chose que ce dont l’heure est venue. Sois heureux, si tu vois se présenter à toi l’occasion d’appliquer ce que tu as appris et examiné. Et si tu extirpes ou diminues en toi la malignité, le penchant à la médisance, la précipitation, l’habitude des propos obscènes, la légèreté, la nonchalance; si tu n’es plus troublé par ce qui te troublait auparavant, ou si tu l’es moins, alors tu pourras chaque jour célébrer une fête, aujourd’hui pour avoir bien agi dans tel cas, et de main dans tel autre. Quelle belle occasion de sacrifice il y a là, bien plus belle que le consulat ou la préture! Car ce sont là des choses qui te viennent de toi seul et des Dieux; tandis que ces dernières tu dois te rappeler qui les donne, à qui on les donne, et en vue de quoi.