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CHAPITRE II




Sur nos liaisons.

Voici un point auquel il te faut faire attention avant tout: ne te lie avec aucun de tes habitués ou de tes amis d’autrefois, jusqu’à descendre où il en est descendu; sinon, tu te perdras. Si l’idée te vient qu’il te trouvera déplaisant, et qu’il ne sera plus pour toi ce qu’il était auparavant, rappelle-toi que l’on n’a rien pour rien, et qu’on ne peut pas, en n’agissant plus de même, rester l’homme qu’on était jadis. Décide donc lequel tu préfères: ou de garder intacte l’affection de ceux qui t’aimaient auparavant, en demeurant ce qu’auparavant tu étais; ou de ne plus obtenir d’eux la même affection, en devenant meilleur. Si c’est ce dernier parti qui vaut le mieux, il faut le prendre, et sur-le-champ, sans t’en laisser détourner par d’autres considérations. Il n’est pas possible d’avancer, quand on va tantôt d’un côté, tantôt d’un autre. Si tu as jugé que ce parti valait mieux que tous les autres, si tu veux t’attacher à lui seul, et ne travailler que pour lui, laisse-moi là tout le reste. Sinon, ces tergiversations auront pour toi ce double résultat, que tu ne feras pas les progrès que tu devrais faire, et qu’on ne t’accordera plus ce qu’on