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pêtes, les disettes, les amis que l’on perd. Où trouver un refuge? Comment voyager à l’abri des voleurs? Quel compagnon de route peut-on attendre, pour faire le trajet en sûreté? A la suite de qui faut-il se mettre? A la suite d’un tel? d’un riche? d’un consulaire? A quoi cela me servirait-il? Car voilà qu’on le dépouille, qu’il gémit et qu’il pleure. Puis, si mon compagnon de route se tourne contre moi et se fait mon voleur, que ferai-je? Je vais donc être l’ami de César; et, quand je serai son intime, personne ne m’attaquera. Mais d’abord, pour arriver à ce rang brillant, que ne me faudra-t-il pas supporter et souffrir? Combien de fois, et par combien de gens ne me faudra-t-il pas être volé? Puis, supposez que je devienne son ami, n’est-il pas mortel, lui aussi? Et, si, par suite de quelque circonstance, il devient mon ennemi, où vaudra-t-il mieux me retirer? Dans un désert? Soit; mais est-ce que la fièvre n’y pénètre pas? Quel est donc l’état des choses? Et ne serait-il pas possible de trouver un compagnon de route sûr, fidèle, puissant, et qui ne se tournât jamais contre vous? » Voilà ce que dit le Sage; et il en conclut que c’est en se mettant à la suite de Dieu, qu’il fera son voyage sans danger.

Qu’appelles-tu donc se mettre à la suite de Dieu? C’est vouloir soi-même ce qu’il veut, et ne pas vouloir ce qu’il ne veut pas. Et comment le peut-on faire? Le peut-on autrement qu’en étudiant les desseins de Dieu et sa façon de disposer les choses? Que m’a-t-il donné qui soit à moi et dont je sois le maître? Que s’est-il réservé à lui-même? Il m’a donné ma faculté de juger et de vou-