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des choses les unes dans les autres; il n’y a point là d’anéantissement. Ordre, règle, disposition de l’ensemble, voilà tout ce qu’il y a là; et il n’y a pas autre chose dans un départ: ce n’est qu’un petit petit changement. Pas autre chose dans la mort: ce n’est qu’un grand changement. L’être actuel s’y change, non point en non être, mais en quelque chose qui n’est pas actuellement. — « Est-ce donc que je ne serai plus? » — Si, tu seras; mais tu seras quelque autre chose dont le monde aura besoin en ce moment. Tu n’es pas né, en effet, quand tu l’as voulu, mais quand le monde a eu besoin de toi.

Aussi, le Sage se rappelant qui il est, d’où il vient, et de qui il est né, ne s’occupe que d’une seule chose, de jouer son rôle conformément à l’ordre et à la volonté de Dieu. « Veux-tu que je continue de de vivre? Oui; mais libre, et le cœur haut, comme tu l’as voulu. Car tu m’as créé indépendant en tout ce qui m’appartient. N’as-tu plus besoin de moi? Qu’il soit fait à ton gré! Je ne suis resté jusqu’à présent que pour toi, et non pour un autre; à présent je pars pour t’obéir. — Et comment partiras-tu? — Encore comme tu l’as voulu: comme un être libre, qui est ton ministre, et qui a l’intelligence de tes ordres et de tes défenses. Mais tant que je reste dans ton empire, que veux-tu que je sois? Gouvernant, ou simple citoyen? Sénateur, ou plébéien? Soldat, ou général? Précepteur, ou maître de maison? Quel que soit le poste, quelles que soient les fonctions que tu m’assignes, comme le dit Socrate, je mourrai mille fois avant de les abandonner? Où veux-tu