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appartient en propre; et Dieu, comme il convenait à quelqu’un qui nous aime et qui nous gouverne en père, a mis les vrais biens et les vrais maux dans les choses qui nous appartiennent en propre. — « Mais j’ai quitté un tel, et cela lui fait de la peine! » — Pourquoi a-t-il cru sien ce qui n’était pas à lui? Pourquoi, lorsqu’il était si heureux de te voir, ne se disait-il pas que tu étais sujet à mourir et à changer de pays? Il porte la peine de sa sottise. Mais toi, pourquoi, et à cause de quoi, te laisses-tu abattre? Est-ce que tu n’avais pas songé à tout cela? Est-ce que, à l’instar de ces femmelettes qui ne comptent pour rien, tu t’imaginais devoir vivre toujours dans le milieu ou tu étais heureux de vivre, dans le même pays, avec les mêmes gens, avec les mêmes occupations? Aujourd’hui te voilà assis à pleurer, parce que tu ne vois plus les mêmes personnes, et que tu ne vis plus dans le même pays! Ah! tu as bien mérité d!être plus misérable que les corbeaux et les corneilles, qui peuvent voler où ils le veulent, transporter leurs nids, et traverser les mers, sans gémir, et sans regretter leur précédent séjour! — « Oui, dis-tu, mais c’est parce qu’ils n’ont pas la raison qu’ils se conduisent ainsi. » — Ainsi donc les Dieux nous ont donné la raison pour notre désavantage, pour notre malheur, pour que nous vivions misérables et dans les pleurs! Ou faudra-t-il que tous les hommes soient immortels, que personne ne change jamais de pays, que ndus personnellement nous n’en changions jamais, et prenions racine dans un même endroit, comme les plantes? Si quelqu’un de ceux avec qui nous vivons change de pays, nous faudra-t-il nous