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que quelqu’un le fasse, rien ne l’y empêchera de se marier et d’avoir des enfants, car sa femme, son beau-père, seront d’autres lui-même, et ses enfants seront élevés dans les mêmes principes. Mais dans l’état actuel des choses, et sur ce champ de bataille, ne faut-il pas que rien ne vienne tirer le Cynique en d’autres sens, pour qu’il puisse être tout entier à son divin ministère? Ne faut-il pas qu’il puisse aller trouver les gens, sans être lié par les obligations des hommes ordinaires, sans être engagé dans des relations sociales, dont il lui faut tenir compte, s’il veut rester dans son rôle d’honnête homme, et qu’il ne saurait respecter sans détruire en lui l’apôtre, le surveillant, le héros envoyé par la divinité? Regarde: il lui faut faire certaines choses pour son beau-père, s’acquitter de certains devoirs envers les autres parents de sa femme, et envers sa femme elle-même. Le voici désormais absorbé par le soin de ses malades, et par l’argent à gagner. A laisser tout le reste de côté, il lui faut au moins un vase, pour faire chauffer de l’eau à son enfant, et un bassin pour l’y laver; il lui faut pour sa femme en couches de la laine, de l’huile, un lit, un gobelet; voici déjà son bagage qui s’augmente! Et je ne parle pas des autres occupations qui le distraient de son rôle. Que devient ainsi ce monarque, dont le temps est consacré à veiller sur l’humanité?

Celui à qui les peuples ont été confiés, et qui s’occupe de si grandes choses?

Celui qui doit surveiller tous les autres, époux et parents? Celui qui doit voir quels sont ceux qui en usent bien ou mal avec leur femme, quels sont