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sies, comment le bonheur pourrait-il entrer? Or, là où sont des principes faux, toutes ces choses se trouvent nécessairement.

Le même jeune homme demandait à Epictète si, malade, il accepterait l’offre d’un ami qui le prie rait de venir chez lui se faire soigner. — Où me trouveras-tu un ami du Cynique? lui répondit-il. Il faudrait que cet homme fût un autre lui-même, pour mériter d’être compté comme son ami; il faudrait qu’il partageât son sceptre et sa royauté, qu’il fût son digne second, pour être jugé digne de son amitié; c’estainsi que Diogène fut l’ami d’Antisthène, et Crates celui de Diogène. Crois-tu qu’il suffise de l’aborder en lui souhaitant le bonjour, pour être son ami, et pour qu’il vous juge digne de le recevoir chez lui? Imagine-toi donc, si tu le veux bien, qu’il se dira ceci: « Cherche plutôt, pour te coucher avec la fièvre, un beau tas de fumier qui puisse te défendre du vent du nord, et t’empêcher de mourir de froid. » Mais toi, tu me fais l’effet de vouloir aller chez un autre pour t’y engraisser à loisir. Pourquoi donc essaies-tu un rôle si difficile?

— Le Cynique, lui demanda-t-on, doit-il essentiellement se marier et avoir des enfants? — Si vous me donnez une cité de sages, répondit-il, il est possible que personne n’y prenne de lui-même la pro fession de Cynique. Car en faveur de qui y embrasserait-on un tel genre de vie? Supposons cependant