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tion au dernier supplice; grâce à la baguette de Mercure, tout cela tournera à notre profit. — Que feras-tu de la mort? — Eh! qu’en ferai-je, sinon un moyen de te faire honneur, un moyen pour toi de montrer par des actes ce que c’est que l’homme qui sait se conformer à la volonté de la nature? — Que feras-tu de la maladie? — Je montrerai ce qu’elle est réellement; je me parerai d’elle; je serai résigné, tranquille; je ne flagornerai pas le médecin; je ne ferai point de vœux pour ne pas mourir. Que cherches-tu encore? Quoi que tu me présentes, j’en ferai une chose utile, avantageuse, honorable, digne d’être désirée.

Toi, au contraire, tu dis: « Prends garde à la maladie; car elle est un mal. » C’est comme si tu me disais, « Prends garde qu’il te vienne jamais l’idée que trois font quatre, car c’est un mal. » O homme, comment serait-ce un mal? Si je pense de cette idée ce que j’en dois penser, quel mal y aura-t-il encore là pour moi? N’y aura-t-il pas là plutôt un bien? Si donc je pense de la pauvreté, de la maladie, de l’obscurité de la vie, ce que j’en dois penser, cela ne me suffira-t-il pas? N’y trouverai-je pas mon compte? Comment donc me faut-il encore chercher mon bien et mon mal dans les choses extérieures?

Mais qu’arrive-t-il? Ces pensées ne sont que pour l’école; et personne ne les porte chez lui. Tout au contraire, chacun s’y prend bien vite de querelle avec son esclave, avec ses voisins, avec ceux qui le plaisantent et se moquent de lui.

Bien du bonheur à Lesbius, qui me prouve chaque jour que je ne sais rien!