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qu’est la course pour le cheval, et qui fasse connaître celui qui vaut le mieux et celui qui vaut le moins? Est—ce qu’il n‘y a point l’honnêteté, la loyauté, la justice? Montre que tu m’es supérieur par elles, si tu veux m’être supérieur comme homme. Si tu me disais que tu rues fort, je te dirais, moi, que tu es fier de ce qui appartient aux ânes.

[1]Toute grande puissance est un péril au début. Il faut en porter le poids suivant ses forces, mais d’une manière conforme à la nature[2]. . . . . . . . mais non pas pour le poitrinaire. Étudie—toi parfois à te conduire comme si tu étais malade, pour savoir un jour te conduire comme un homme bien portant. Jeûne, bois de l’eau, interdis—toi toute espèce de désir, pour savoir un jour désirer conformément à la raison. Et, quand tu désireras conformément à la raison, quand le bien sera ainsi en toi, tes désirs seront bons. Mais ce n’est pas là ce que nous faisons: dès le premier jour nous prétendons vivre comme des sages et servir l’humanité. Eh! comment la sers—tu? Que fais—tu? Quels services, en effet, as—tu commencé par te rendre à toi—même? Tu veux les exhorter au bien! Mais t’y es-tu exhorté toi—même? Tu veux leur être utile! Montre—leur par ton propre exemple quels hommes la philosophie sait faire, et ne bavarde pas inutilement. Par ta façon de manger, sois utile à ceux qui mangent avec toi; par ta façon de boire,

  1. Des éditions portent dans le chapitre précédent ce paragraphe tronqué qui n’a guère l’air de lui appartenir.
  2. Il y a ici des mots passés.