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des choses qui relèvent de notre libre arbitre, et s’y appliquer de préférence là où il nous est le plus difficile de réussir. D’où il résulte que les choses contre lesquelles on doit s’exercer le plus, varient avec chacun. Or, à quoi bon pour cela élever en l’air une branche de palmier, et promener partout une tente de cuir, un mortier et un pilon? Homme, si tu est prompt à la colère, exerce-toi à supporter les injures, et à ne pas t’irriter des outrages. Et tes progrès iront si loin ainsi, que tu te diras, si quelqu’un te frappe: « Suppose que tu as voulu embrasser une statue. » Puis exerce-toi à bien te comporter en face du vin, ce qui n’est pas t’exercer à en boire beaucoup (comme plus d’un le fait mal heureusement), mais, avant tout, à t’en abstenir; exerce-toi après cela à te passer de femme et de friandises. Ensuite, pour t’éprouver, si une heureuse occasion se présente, va de toi-même au péril, afin de savoir si les sens triompheront de toi comme auparavant. Mais, au début, fuis loin des tentations trop fortes. Le combat n’est pas égal entre une jolie fille et un jeune apprenti philosophe: « Cruche et pierre, dit-on, ne peuvent aller ensemble. »

Après le désir et l’aversion, la seconde chose qu’il nous faut travailler c’est notre façon de vouloir les choses ou de les repousser. Il faut que ces volontés soient conformes à la raison, qu’elles ne soient à contre-sens ni du moment ni du lieu, qu’elles ne violent enfin aucune convenance de ce genre.

La troisième chose à travailler est l’assentiment que nous donnons à ce qui persuade et entraîne.