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me suis préparé, ce en vue de quoi je me suis exercé. » Dieu te dit: « Donne-moi une preuve que tu t’es préparé à la lutte suivant toutes les règles, que tu t’es nourri comme on doit le faire, que tu as fréquenté le gymnase, que tu as écouté » les leçons du maître. » Vas-tu maintenant mollir à l’instant décisif? Voici le moment d’avoir la fièvre; qu’elle vienne, et sois convenable. Voici le moment d’avoir soif; aie soif, et sois convenable. Voici le moment d’avoir faim; aie faim, et sois convenable. Cela ne dépend-il pas de toi? Quelqu’un peut-il t’en empêcher? Le médecin t’empêchera de boire; mais il ne peut t’empêcher d’être convenable en ayant soif. Il t’empêchera de manger; mais il ne peut t’empêcher d’être convenable en ayant faim.

— « Mais (en cet état) je ne puis pas étudier! » — A quelle fin étudies-tu donc, esclave? N’est-ce pas pour arriver au calme? à la tranquillité? N’est-ce pas pour te mettre et te maintenir en conformité avec la nature? Or, quand tu as la fièvre, qui t’empêche de mettre cet accord entre la nature et ta partie maîtresse? C’est ici le moment de faire tes preuves; c’est ici l’épreuve du philosophe; car la fièvre fait partie de la vie, comme la promenade, les traversées, les voyages par terre. Est-ce que tu lis en te promenant? — Non. — Eh bien, c’est la même chose quand tu as la fièvre. Si tu restes convenable, en te promenant, tu es ce que doit être un promeneur; si tu es convenable, en ayant la fièvre, tu es ce que doit être un fiévreux. Qu’est-ce donc qu’être convenable en ayant la fièvre? C’est de ne t’en prendre ni à Dieu ni aux hommes; c’est de ne