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filles de Dieu comme elle, il lui faudra, pour rester l’image de ce Dieu dont la Providence s’étend à tout le genre humain, venir en aide à ces âmes, ses sœurs, afin qu’elles aussi se maintiennent dans cette voie du vrai et du bien.

C’est ainsi que, pour le Stoïcisme, la prescription de la sainteté sort du dogme même de l’intérêt ; et que la charité, pour autrui, devient le complément obligatoire de la sagesse individuelle.

En suivant cette double voie, les Stoïciens en sont arrivés pour leur Sage au rôle complet du prêtre chrétien, (L. 3, ch. 22). Chaste, tempérant, sans désirs pour lui-même, sans envie par conséquent contre personne, résigné d’avance à tout ce que la Providence lui enverra, prêt à se dépouiller de tout pour tous, indulgent au pécheur, et le cœur si plein d’amour pour l’humanité qu’il aime comme un frère jusqu’à ceux qui le frappent, il s’en ira à travers le monde, prêchant la vérité et la vertu, dévoilant les faux biens, éclairant les intelligences, et épurant les cœurs. Il n’aura ni fortune ni famille, parce que ces attaches individuelles l’arrêteraient dans l’accomplissement de ses devoirs envers l’humanité tout entière. La modicité de ses désirs lui permettra de se passer de fortune ; et, à la place d’enfants qui soient à lui, il aura tous les hommes pour fils et toutes les femmes pour filles.

Faites-lui prêcher en outre l’immortalité de l’âme, et