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convient-il donc pas, dit Epictète, de donner tous ses soins à ce qu’il y a de meilleur? — C’est ce qui convient le plus au monde. — Qu’avons-nous donc de meilleur que le corps? — L’âme, dit l’autre. — Mais qu’est-ce qiri vaut le mieux, le bien de la par tie la meilleure, ou celui de la partie la moins bonne? — Celui de la partie la meilleure. — Tout ce qui est un bien pour l’âme dépend-il de de notre libre arbitre, ou n’en dépend-il pas? — Il en dépend. — Eh bien! le plaisir de l’âme dépend-il donc de notre libre arbitre? — Oui. — Mais de quoi naît ce plaisir? Est-ce qu’il naît de lui-même? Cela est un non sens; car il faut qu’il y ait antérieure ment quelque bien réel et supérieur, dont la possession fasse naître le plaisir dans notre âme.

Notre homme l’avouait.

D’où donc naît ce plaisir dont nous jouissons dans notre âme? Car, s’il naît des choses de l’âme, voilà le vrai bien trouvé. Il ne se peut pas, en effet, que le bien soit une chose, et que ce dont nous avons raison de jouir, en soit une autre. Quand le principe n’est pas bon, la conséquence n’est pas bonne. Car, pour que la conséquence soit bonne, il faut que le principe soit bon. Mais vous vous garderez de parler ainsi, si vous êtes dans votre bon sens, car ces paroles sont en contradiction avec Epicure et avec vos autres dogmes. Il reste donc que ce soit du corps que naissent les plaisirs ressentis par l’âme; que le corps par suite occupe le premier rang, et que le bien véritable soit en lui. Aussi Maximus a-t-il agi sottement, s’il a fait ce voyage par mer pour autre chose que pour son corps, c’est-à-dire pour ce qu’il y a de meilleur. Il