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nature; et, comme la nature de chaque espèce d’êtres est différente, il me semble aussi que chacune d’elles a sa beauté différente. Cela n’est-il pas vrai? — Oui. — Ce qui fait donc la beauté du chien, fait la laideur du cheval; et ce qui fait la beauté du cheval, fait la laideur du chien, puisque leurs natures sont différentes. — Cela me semble. — Ce qui fait la beauté de l’athlète au Pancrace, ne fait pas le bon lutteur, et ferait un coureur ridicule; et le même homme qui est beau dans le Pentathle, est fort laid dans la lutte. — Cela est vrai. — Qu’est-ce donc qui fait la beauté de l’homme, si ce n’est ce qui fait la beauté du chien et du cheval, chacun dans leur genre? — C’est cela même. — Qu’est-ce donc qui fait la beauté d’un chien? La présence de ce qui est la perfection du chien. Et la beauté d’un cheval? La présence de ce qui est la perfection du cheval. Qui fera donc celle d’un homme, si ce n’est la présence de la perfection humaine? Si donc, jeune homme, tu veux être beau, cherche à acquérir la perfection humaine. Mais quelle est-elle? Vois quels sont ceux-que tu loues lorsque tu loues impartialement. Sont-ce les hommes justes ou les hommes injustes? — Les justes. — Les hommes chastes ou les libertins? — Les hommes chastes. — Ceux qui sont maîtres d’eux-mêmes ou ceux qui ne le sont pas? — Ceux qui en sont maîtres. — Te rendre tel, sache-le donc, c’est te faire beau; si tu y manques, tu, seras laid inévitablement, alors même que tu emploierais tous les moyens pour être beau en apparence.

Je ne sais plus que te dire après cela; car, si je