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ditions du milieu où nous nous trouvons ; nous sommes entraînés dans le mouvement de la machine entière. Nous n’avons rien à reprocher aux Dieux de ce qui nous arrive : ce dont nous souffrons ne pouvait pas ne pas être.

Quel besoin Épictète pouvait-il avoir de l’immortalité, après cela ? Aussi voyez ses déclarations.

« La mort n’est qu’un grand changement : l’être actuel s’y change, non point en non être, mais en quelque chose qui n’est pas actuellement. — Est-ce donc que je ne serai plus ? — Si, tu seras ; mais tu seras quelque autre chose dont le monde aura besoin en ce moment. » (L.3, ch. 24.)

Lorsque Jupiter te refuse ce qui est nécessaire à la vie, il te sonne la retraite, il t’ouvre la porte ; il te dit : viens. — Où cela ? — Vers rien qui soit à redouter, vers ce dont tu es venu, vers des choses amies et du même genre que toi, vers les éléments. Tout ce qu’il y avait de feu en toi s’en ira vers le feu ; tout ce qu’il y avait de terre, vers la terre ; tout ce qu’il y avait d’air, vers l’air ; tout ce qu’il y avait d’eau, vers l’eau. Point d’enfer, point d’Achéron, point de Cocyte, point de Phlégéton. Non ; tout est peuplé de Dieux et de Génies. » (L.3, ch. 23.)

« Doit-il, à la mort, arriver autre chose que la séparation de l’âme et du corps ? Rien. » (L. 3, ch. 22.)