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CHAPITRE XVIII




Comment il faut lutter contre les idées dangereuses.

Toute habitude, tout talent, se forment et se fortifient par les actions qui leur sont analogues: Marchez, pour être marcheur; courez, pour être coureur. Voulez-vous savoir lire? Lisez. Savoir écrire? Ecrivez. Passez trente jours de suite sans lire, à faire tout autre chose, et vous saurez ce qui en arrivera. Restez couché dix jours, puis levez-vous, et essayez de faire une longue route, et vous verrez comme vos jambes seront fortes. Une fois pour toutes, si vous voulez prendre l’habitude d’une chose, faites cette chose; si vous n’en voulez pas prendre l’habitude, ne la faites pas, et habituez-vous à faire quoi que ce soit plutôt qu’elle. Il en est de même pour l’âme: lorsque vous vous emportez, sachez que ce n’est pas là le seul mal qui vous arrive, mais que vous augmentez en même temps votre disposition à la colère: c’est du bois que vous mettez dans le feu. Lorsque vous avez succombé aux attraits de la chair avec quelqu’un, ne vous dites pas qu’il n’y a là qu’une défaite, mais que vous avez du même coup alimenté, fortifié votre penchant au plaisir. Il est impossible, en effet, que les actes en analogie avec quelque habi-