Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas indifférent, car il sera de la science, une simple conjecture ou une erreur. De même la vie est chose indifférente, mais notre façon de vivre ne l’est pas. N’allez donc pas vous mettre à tout négliger, parce qu’on vous aura dit que la vie elle-même est chose indifférente ; mais n’allez pas non plus, parce qu’on vous aura exhorté à l’attention, vous abaisser à tomber en admiration devant les choses extérieures.

Il est bon aussi de connaître ce que l’on a appris et ce que l’on sait, afin de se tenir tranquille dans les choses qu’on n’a pas apprises, et de ne pas s’indigner d’y voir quelques autres mieux réussir que vous. Tu revendiqueras pour toi la supériorité dans les syllogismes ; et, si l’on s’en fâche, tu diras aux gens pour les calmer : « Je les ai étudiés, et vous, non. » De même dans tout ce qui demande qu’on s’y soit exercé, ne prétends pas avoir ce que l’exercice donne seul ; laisse l’avantage à ceux qui se sont exercés, et contente-toi de ton calme.

— « Va saluer un tel. — De quelle façon ? — Sans faire de bassesse. — Je n’ai pas pu entrer, car je n’ai pas appris à passer par la fenêtre ; et, trouvant sa porte fermée, il m’a fallu me retirer ou passer par la fenêtre. — Parle-lui pourtant. — Je lui parlerai ; mais de quelle façon ? — Sans faire de bassesse. » Voilà que tu n’as pas réussi ; mais ce n’était pas là ton affaire ; c’était la sienne. Pourquoi prétendrais-tu à ce qui n’est pas à toi ? Souviens-toi toujours de ce qui est à toi et de ce qui n’est pas à toi, et tu ne te déconcerteras de rien. Aussi Chrysippe a-t-il raison de dire : « Tant que j’ignore ce