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recommandât à quelqu’un pour qu’il l’appréciât. « S’il se connaît en monnaies, lui dirait-on, il reconnaîtra ta valeur ; car tu te recommandes par toi-même. » Nous devrions avoir dans les choses de la vie un moyen d’apprécier les gens, à l’instar de la monnaie ; nous pourrions alors dire comme celui qui se connaît à la monnaie : « Apporte-moi quelle drachme tu voudras, et je jugerai ce qu’elle vaut. » Quand il s’agit de syllogismes aussi, je dis : « Apporte-moi quel homme tu voudras, et je verrai bien s’il sait les analyser. » Pourquoi ? C’est que je sais analyser les syllogismes, et que par conséquent j’ai les connaissances qu’il faut avoir pour reconnaître les gens qui s’y entendent. Mais dans les choses de la vie, qu’est-ce que je fais ? Je dis d’un même homme tantôt qu’il est bon, tantôt qu’il est mauvais. Et d’où cela vient-il ? C’est que, contrairement à ce qui se passe pour les syllogismes, je manque ici de savoir et d’expérience.


CHAPITRE IV




Sur un homme qui avait été surpris en adultère.

Un jour qu’il soutenait que l’homme était né pour l’honnêteté, et que méconnaître ce principe c’était méconnaître le caractère essentiel de