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ou subsistera-t-il encore ? Il subsistera, s’il sait parler.

De même ici : « Accepte ce commandement. » — Je l’accepte ; et, après l’avoir accepté, je montre comment s’y conduit un homme qui a étudié. — « Dépose le laticlave ; prends des haillons , et montre-toi dans ce rôle de pauvre. » — Eh bien ! ne m’est-il pas possible d’y porter un beau débit ?

Dans quel rôle te présentes-tu donc maintenant ? Comme un témoin appelé par Dieu même : « Viens, t’a-t-il dit, et dépose en ma faveur. Car tu es digne que je te présente en témoignage. De tout ce qui est en dehors de ton libre arbitre, est-il quelque chose qui soit un bien ou un mal ? Est-il quelqu’un à qui je nuise ? Ce qui est utile à chacun, l’ai-je mis aux mains d’un autre ou en ses mains à lui ? » Mais toi, quel témoignage rends-tu à Dieu ? « Je suis dans une position critique, maître ; je suis dans le malheur. Personne ne s’intéresse à moi ; personne ne me donne ; tout le monde me blâme ; tout le monde m’injurie. » Est-ce donc ainsi que tu dois déposer ? Et dois-tu déshonorer celui qui t’a appelé, parce qu’il t’a assez estimé pour cela, et qu’il t’a cru digne d’être ainsi présenté par lui comme témoin ?

Mais celui qui est au pouvoir a dit : « Je te déclare impie et criminel ! » Que t’est-il donc arrivé ? — J’ai été déclaré impie et criminel. — Pas autre chose ? — Non. S’il avait à prononcer sur une proposition conjonctive, et qu’il rendit cet arrêt : « Je déclare faux qu’il fasse clair, s’il fait jour ; » qu’en résulterait-il pour cette proposition conjonctive ? Qui juge-t-on ici en effet ?