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tremble, qui se trouble, et dont le cœur éclate dans sa poitrine, il y a d’autres choses dont il lui convient de s’occuper.


CHAPITRE XXVIII




Il ne faut pas s’emporter contre les hommes. — Et qu’y a-t-il de grand, qu’y a-t-il de petit dans les choses humaines?

Qu’est-ce qui nous fait croire à une chose ? c’est qu’il nous semble qu’elle est. Il ne nous est donc pas possible de croire à une chose qui nous semble n’être pas. Pourquoi ? parce qu’il est dans la nature de notre intelligence d’adhérer à ce qui est vrai, de repousser ce qui est faux, de s’arrêter en face de ce qui est incertain. Quelle preuve en as-tu ? Crois, si tu le peux maintenant, qu’il est nuit. — Je ne le puis.— Crois qu’il ne fait pas jour. — Je ne le puis. — Crois que les astres sont pairs, ou crois qu’ils sont impairs. — Je ne le puis. — Lors donc que quelqu’un adhère à une erreur, sache qu’il n’a pas voulu adhérer à une erreur ; car, suivant le mot de Platon, c’est toujours malgré elle qu’une âme est sevrée de la vérité. L’erreur lui a paru une vérité. Voilà tout.

Eh bien ! dans nos actions avons-nous quelque chose d’analogue à ce qu’est ici la vérité ou l’erreur ? Oui : ce qui convient et ce qui ne convient pas, ce qui nous est bon et ce qui nous est nuisible,