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nous a rapporté est bien différent : il dit que la mort n’est pas un mal, parce qu’elle n’est pas une honte ; il dit que la gloire est un vain bruit, que font des insensés. Quelles belles choses sur la peine, quelles belles choses sur le plaisir, quelles belles choses sur la pauvreté nous a dites cet explorateur ! Il dit que la nudité vaut mieux que tous les habits de pourpre ; et que le sol où l’on dort à la dure est le plus doux des couchers ! Et, à l’appui de chacune de ses paroles, il présente son propre courage, sa propre tranquillité d’âme, sa propre indépendance, son propre corps brillant de santé et aux formes pleines. « Pas un ennemi près de nous, dit-il ; paix complète partout. » — Comment le sais-tu, Diogène ? — « Voici, » dit-il. « M’a-t-on fait le moindre mal ? M’a-t-on fait la moindre blessure ? Ai-je fui devant quelqu’un ? » Voilà comme doit être celui qui va à la découverte. Toi, quand tu reviens vers nous, tu nous débites nouvelles sur nouvelles. Ne retourneras-tu pas, et ne verras-tu pas mieux, guéri de ta lâcheté ?

— Que ferai-je donc ? — Que fais-tu, quand tu descends d’un navire ? Est-ce que tu emportes le gouvernail ou les rames ? Qu’emportes-tu donc ? Ce qui est à toi, ta fiole à l’huile et ta besace. Eh bien ! ici aussi, rappelle-toi ce qui est à toi, et tu ne désireras pas ce qui est aux autres. Te dit-on : « Quitte ta toge à large bande de pourpre ? » — « Voici, je n’ai plus que ma toge à bande étroite. » Te dit-on : « Quitte celle-là aussi ? » — « Voici, je n’ai plus que mon manteau. » Te dit-on : « Quitte ton manteau ? » — « Me voici nu. » — « Mais, tu m’es insupportable. » — « Prends mon corps tout entier.