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Un vieil été™

Roman inédit

PAR

JEAN-LOUIS VAUDOYER

Lorsque je pense à la petite ville de Breuil, je ne vois ni les montagnes couvertes d'ennuyeux sapins, ni le lac un peu enfoncé, triste (parlant plus de noyés que de nacelles), ni les petits torrents extrêmement réputés pour leur pittoresque et où l'on pêche cinq truites, dix écrevisses dans les bonnes années. Lorsque je pense à Breuil je vois d’abord et toujours un « logement » situé à l’entresol d’une maison blanche, puis la porte de cette maison ; une porte si étroite, si clandestine que, la première fois, je ne sus point la découvrir, entre un marchand de cycles et une mercerie. Jacquelain fut plus malin. Sans cette malice, Breuil ne tiendrait probablement pas tout à fait cette place dans mes souvenirs. Jacquelain et moi avons sans doute découvert à Breuil tout ce que l’amour, d'année en année, nous a enseigné, répété, ressassé depuis. Nos six semaines de Breuil, en 1900, peuvent être comparées à ces sommaires placés à la tête des chapitres, soi-disant pour renseigner, allécher le lecteur, mais que le lecteur ne consulte qu’ensuite,

(1) Copyright by J.-L. Vaudoyer, 1926. Tous droits de traduction, adaptation, reproduction et représentation réservés pour tous pays, y compris la Russie (U. R. S. S.).