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L’arcature avec colonnettes qui décore le premier étage de la tour Charlemagne, est peut-être un remaniement, comme sembleraient l’attester certaines traces encore visibles sur les faces Sud et Ouest du même clocher, mais surtout la présence d’une arcature portée sur de petits pilastres sur la face Est de la tour de l’Horloge, autre vestige de la basilique de Saint-Martin appartenant également et partiellement au xie siècle. Les caractères primitifs de cette tour ont été altérés par de nombreuses restaurations qu’elle a subies dans le cours des périodes suivantes.

Cette substitution de la colonnette au pilastre serait donc contemporaine de l’évolution architecturale dont nous avons déjà parlé et qui, d’après les exemples que nous citons, s’est effectuée en Touraine dans le second quart du xie siècle. La tour Saint-Paul de Cormery offre l’un des exemples les plus précoces et les plus précis de cette phase de notre architecture romane régionale non seulement dans l’arcature extérieure qui décore sa face Nord, mais encore dans d’autres parties, surtout dans la salle voûtée en coupole occupant son premier étage, où nous trouvons sur l’une des quatre faces de cette salle — celle située à l’Est — des arcs reposant sur de simples pilastres, selon les traditions antérieures, tandis que les cintres des ouvertures des trois autres faces de la même salle s’appuient sur des colonnettes. Nous pouvons donc, à notre avis, considérer cette salle et même l’ensemble de cette tour comme un spécimen de transition entre les traditions transmises par la période carolingienne dont s’inspira, au début du xie siècle, l’architecte de la tour Charlemagne, ancien clocher de la basilique de Saint-Martin de Tours, et les dispositions appliquées à Cormery entre les années 1026 et 1054.

Cette architecture romane nouvelle, contenant dans notre région la plupart des germes de celle du xiie siècle, suivit en Touraine sa marche ascendante pour arriver à la plénitude de ses moyens vers la fin du xie, comme l’attestent plusieurs monuments bâtis entre la fin de ce siècle et les premières années du xiie. Parmi ces exemples nous citerons le clocher de l’ancienne abbatiale bénédictine de Saint-Julien de Tours, et surtout la majeure partie de la belle église de Preuilly, ayant fait également partie, avant la Révolution, d’une abbaye placée sous la règle de saint Benoît et fondée au commencement du xi" siècle avec le concours d’Hervé, trésorier de la basilique de Saint-Martin de Tours.