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LA FLAMME

Dalty. Voilà encore Bertiny qui cherche, qui demande, qui crie : « Henriot ! Henriot ! »

Des voitures d’ambulance s’alignant du coin du refuge où stationnent d’ordinaire les omnibus Batignolles-Clichy-Odéon ; des soldats arrivent et la foule crie : « Vive l’armée ! » La pompe à vapeur ne cesse de haleter. Le long des échelle, on se passe toujours de gros volumes verts.

Un grand bruit. On se sauve en poussant des hurlements. La foule qui était là se croyait déjà écrasée, mais elle revient, car elle s’est rendu compte que ce n’est que l’effondrement de la coupole ou de l’escalier. On dit qu’un pompier est resté dedans. C’est plus dramatique.

Décidément, Mlle Henriot est sauvée. On l’affirme.

Et c’est vrai que l’anxiété dans laquelle nous vivions, relativement à cette pauvre enfant, était affreuse. Nous respirons, maintenant. Même, entre nous, nous finissons par nous confier que puisqu’il n’y a pas eu de victime, il vaut mieux que le Théâtre-Français ait brûlé avant la représentation.

Un sociétaire est là, près de moi, qui me dit :

— Cela devait arriver très prochainement. C’était fou, la façon dont nous vivions là-dedans. On eût dit que nous voulions tous mettre le feu à cette vieille chose. Monsieur, nous avions tous des cheminées dans nos loges et nous y faisions brûler des bûches sur des chenets. Les dames apportaient des lampes à esprit de vin pour les petits