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JEUNESSE !

turel, l’admirable et double théorie de la jeunesse d’aujourd’hui, de la France de demain. Plus de vingt mille spectateurs, des pères et des mères, s’en furent ainsi, dans l’après-midi d’hier, vers ce spectacle unique, vers ce Théâtre des Fleurs qui se dissimule là-bas, tout au bout de la ville, parmi les bois, dans le mystère des verdures, comme le temple antique voué à quelque Cérès jalouse. Mais, ici, il n’y a ni marbre, ni ornements quelconques d’architecture, et cependant je n’oublierai point le charme de ce cirque vert, aux colonnes d’arbres, aux portiques de branches, aux degrés de terre et de mousse, aux vélums frissonnants de lierre, ni cette scène où les platanes et les sapins mêlent leurs feuilles, doucement agités par la brise, ni ce fond de rochers et de cascades qui n’est point une toile, mais vraiment du roc et de l’eau, ni la lumière qui se joue parmi tout cela, les rais du soleil qui font de vert véronèse, de ce vert des couchers de soleil sur les mers d’automne, les feuillages des dernières galeries où glissent les silhouettes, au blanc éclatant, des toilettes d’été.

Et la foule très sage, très honnête et très simple, la foule des dimanches, celle qui donne ses fils et ses filles aux écoles communales, a rempli avec calme la vaste enceinte, et s’est assise, heureuse de la fraîcheur des choses, cependant que le soleil ardait au dehors. Elle attendait que M. le ministre vînt lui parler de sa progéniture, tâche dont celui-ci s’acquitta le plus aimablement