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SUR MON CHEMIN

Puisque la rue Montorgueil était impraticable, nous nous en fûmes vers la rue Montmartre. Arrêté à l’intersection de la rue Mandar et de la rue Montmartre, le cocher eut la mauvaise inspiration de prendre la Mandar. Il revint, reculant devant des fortifications de pavés de bois. Il se jeta dans la rue d’Aboukir. Il fut bloqué au coin de la rue Réaumur, qui se fait fabriquer un tramway. Il en profita pour s’offrir un « tigre » qui est, à ce que j’ai pu voir, de l’absinthe et de la grenadine.

Vous parlerai-je de mes mésaventures rue de Cléry, rue du Sentier, puis rue des Petits-Carreaux, rue de Mulhouse ? Non. Je ne vous ferai point le dénombrement de tous les pavés qui se trouvèrent sur notre chemin, et je vous ferai grâce de la dernière « mominette » que l’on servit à mon cocher sur son siège. Mais quand je fus au Matin, il sonnait huit heures, exactement.

J’étais anxieux.

— Il n’est venu personne me demander ? fis-je à Xavier, lequel est un garçon fort intelligent, préposé aux visites.

— Si, monsieur, me répondit-il. Un homme qui porte un paletot avec des poils dessus, un chapeau melon sur des cheveux longs, un complet à carreaux et l’air faraud.

— Ah ! ah ! je sais, répliquai-je. Et moi qui maudissais les travaux pour l’Exposition ! Cet homme est venu, l’autre jour, me taper de cent sous.