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SUR MON CHEMIN

vers le ciel, prie. Il y a tant de douceur, une ferveur telle dans la prière de ce regard que toutes les femmes qui sont là sont prises, cessent de babiller et de rire et s’aperçoivent, malgré le décorum un peu ridicule, qu’elles sont dans un temple.

Le prêtre parle. Sa parole est basse et rapide. À peine remue-t-il les lèvres. Il s’exprime en langage mongol et nous raconte les origines de sa religion. Puis ce récit est traduit immédiatement par un interprète en russe et, finalement, grâce à un second truchement, en français. Mais il est surtout intéressant de l’entendre psalmodier ses prières, le Ma-Loui-sim-tsan, l’invocation à tous les bouddhas, les bodhisattras victorieux qui vont descendre dans l’assemblée. Ces prières sont étrangement musicales, ont un bourdonnement de gong lointain, semblent la chanson montante et descendante des cloches dans les vastes plaines à l’heure des angélus. La chanson monte doucement, mélopée gutturale, vers Çakia-Mouni et vers les sages Nagarjunas, Arya-Deva, Asita.

L’interprète prie les assistants de joindre leurs vœux à ceux du tsanit et de répéter mentalement le « Namo Budhaza ».

Presque toutes ces dames sont déjà à genoux et répètent indéfiniment : Namo Budhaza, Nano Budhaza, Nano Budhaza « avec la même ferveur mystique qu’elles égrènent, sous les voûtes de nos cathédrales,la litanie des saints et les interminables ora pro nobis.

Encore dix minutes, et elles vont « lâcher » le