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LES AVEZ-VOUS ?

ces hauts personnages dont l’influence est souveraine pour quiconque a de l’ambition ; et aussi, dans quelles circonstances personnelles deux ministres s’engagèrent, au nom du gouvernement de la République, à m’honorer des palmes.

Il y a quatre ans de ces événements et je vous prie de croire qu’ils sont restés gravés dans ma mémoire. Le Matin se donnait, chez Cuba, un grand dîner à lui-même. On voyait là quelques leaders qui avaient été, qui étaient ou qui devaient être ministres. Mon Dieu ! que j’en ai vu passer des ministres, depuis que je suis rédacteur au Matin ! On les rencontrait partout, jusque sur votre bureau, où ils venaient corriger leurs épreuves. Quand je pense que j’ai fait « de la copie » à côté de M. Doumer, qui est maintenant vice-roi du Tonkin, et que j’en suis encore à attendre ce que vous savez bien !… Mais il faut se faire une raison.

Je reviens au grand dîner. Après le premier toast, je demandai la parole à mon directeur, qui me la donna. Et j’en abusai tout de suite pour « déclamer » deux cents vers fort ingénieux sur le journal le Matin et qui mirent l’assemblée dans un enthousiasme sans pareil. Le fait est qu’on ne pouvait guère résister à l’entraînement de cette poésie que j’avais préparée dans le plus grand mystère. Je me rappelle les trois premiers vers qui sont, du reste, les plus beaux. Les voici dans leur naïveté délicieuse. Je parle du Matin et je dis : « Il n’est point, pour deux sous (à cette