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LES AVEZ-VOUS ?

vous disent qu’ils ont calculé qu’il faut six rubans à chaque palmé, que le ruban moyen a quatre centimètres de long, que quatre fois six font vingt-quatre, que vingt-quatre centimètres multipliés par deux mille font quatre cent quatre-vingts mètres qu’avec quatre cent quatre-vingts mètres de ruban on pourrait faire une belle écharpe à la tour Eyffel qui n’en a que trois cents, comme nul n’en ignore ; que, par conséquent, on ne saurait trop encourager l’industrie nationale des palmes académiques, laquelle est intimement liée à la prospérité du commerce du ruban en général et du ruban violet en particulier. Il n’y a point de raison pour que cela finisse ; quand ils ont bien mesuré leurs aunes de ruban, ils comptent les rosettes, les comparent à de petits macarons et vous établissent sans réplique le nombre de boîtes que l’on pourrait remplir avec la dernière promotion des officiers de l’Instruction publique. Eh bien ! et après ? qu’est-ce que cela prouve ?

Parmi tous ces « crâneurs », il en est parfois que l’on décore par accident. Croyez-vous qu’ils repoussent la distinction ministérielle dont ils se gaussaient tout à l’heure ? Que non point. Ils gardent les palmes et les sortent aussitôt avec ostentation, et si vous formulez votre étonnement, ils vous déclarent avec un toupet sans pareil : « Ce n’est pas pour moi ! c’est pour ma famille ! » Moi, je me roule.

Car, moi, j’ai le courage de mon opinion. De-